mercredi 10 juin 2009

L'institut TNS va traquer la musique sur tous les médias

La filiale de WPP mise sur les défis du Net pour s'attaquer à Yacast, leader historique de la veille musicale.

TNS Media Intelligence (TNS MI) prend sa revanche. Depuis huit ans, l'institut d'études voit son concurrent Yacast s'efforcer de prendre pied dans son activité historique de la mesure des investissements publicitaires. Voilà que TNS MI part à l'assaut de la spécialité de son rival : la veille musicale. L'institut vient de remporter l'appel d'offres du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour mesurer les quotas de diffusion de chansons françaises à la radio. En parallèle, TNS lance un «contrôle de diffusion des clips vidéo musicaux sur le Web» . D'autres services sont prévus courant 2009.

«Aujourd'hui, notre technologie sur l'image et le son nous permet de reconnaître une publicité, donc aussi un clip, explique Éric Trousset, directeur marketing du pôle investissements publicitaires de TNS MI. Notre savoir-faire permet de proposer une vision globale de l'artiste, en évaluant la pression publicitaire, médiatique et la réa lité de sa diffusion en radio et télévision.» L'institut surveille ainsi déjà l'évolution des budgets publicitaires de l'industrie musicale.

L'artiste géré comme une marque

Depuis 2006, les dépenses sont en forte baisse et ont encore diminué de 31,8 % sur les quatre premiers mois de l'année 2009. «À l'instar des ventes numériques, les investissements sur Internet ne prennent pas le relais. Comme le modèle économique, les moyens de promouvoir changent comme montre l'exemple de Grégoire (artiste lancé grâce au soutien des internautes, NDLR)» , observe Éric Trousset. Pour TNS MI, le croisement des données issues des veilles publicitaire, éditoriale et musicale permettrait ainsi de travailler davantage les artistes comme des marques.

Yacast, qui a bâti sa réputation sur la mesure de la musique, estime déjà répondre à ces besoins. «Depuis neuf ans, nous faisons de la veille musicale pour l'ensemble de la filière en radio, télévision, clubs et désormais aussi sur le Web», souligne Ali Mouhoub, directeur général adjoint en charge de l'activité musique de Yacast. Candidat malheureux à l'appel d'offres du CSA, l'institut estime avoir perdu sur le prix et non sur son savoir-faire. Sous contrat avec le Snep et la Sacem jusqu'en 2012, Yacast propose ainsi une offre globale qui traque la diffusion en radio, les clips en télé ainsi que les apparitions dans des émissions de variétés comme «Nouvelle Star». Pour Ali Mouhoud, «les médias sont additionnés très vite pour avoir un maximum d'exposition». L'enjeu : mesurer son impact.

Les agences de promotion musicale sont donc très attentives aux outils de mesure. «Avant, une grande radio pouvait suffire pour imposer un tube, aujourd'hui, il faut multiplier les tuyaux, le travail de segmentation, les impacts. Or, sur le Web, nous avons besoin de ces outils : c'est bien de chiffrer le nombre de vues d'une vidéo, mais en combien de temps ce score a-t-il été obtenu ?», indique Cocto, directeur et fondateur de l'agence Music Media Consulting, qui accompagne majors et labels indépendants. L'avis d'Olivier Montfort, président d'EMI Music France, est plus nuancé : «La veille musicale est un outil important pour le suivi de nos artistes et le Web est un média complexe, mais nous sommes dans un métier de création. Les études valident des choix et confirment des intuitions. Si on suit seulement les tests, on va dans le mur».

Source : Marie-Catherine BEUTH

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