samedi 27 juin 2009

Qui a tué Michael JACKSON ?

Voici le meilleur article que j'ai pu lire, depuis la disparition de Michael JACKSON.

Comme on a entendu tout, et surtout n'importe quoi, il est bon de lire quelque chose qui - à mes yeux - résume la vie de MJ d'une façon élégante et juste.

Il est signé de Philippe BARBOT, sur son blog "C'est ma tournée".

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Le choc. L'annonce, hier soir, de la mort de Michael Jackson a provoqué partout dans le monde les mêmes réactions que la disparition d'Elvis ou de John Lennon : tristesse, stupeur, incompréhension, incrédulité. Comme si une star ne pouvait pas mourir. Comme si on avait oublié que, pour célébrissimes qu'ils furent, ces gens n'étaient après tout que des êtres humains, bâtis comme nous autres, avec des problèmes d'artères, de vieillissement, voire d'addiction, des angoisses existentialistes, des emmerdements en tous genres. Les soucis, on le sait, Michael n'en manquait pas ces dernières années : échec (relatif) de son album « Invincible », ennuis financiers, tracas (c'est un euphémisme) judiciaires, et, surtout, cette spectaculaire dégradation physique qui nous transformait en spectateurs atterrés et voyeurs, comme si on assistait à un remake perpétuel du film « Elephant man ».

Michael Jackson n'avait que cinquante ans. C'est peu, et c'est beaucoup pour quelqu'un qui, dès l'âge de huit ans, a du apprendre à évoluer dans la jungle carcérale du show business planétaire. Se résoudre à ne point vivre la vie de tout le monde, à n'exister que claquemuré entre murailles luxueuses et gardes du corps salariés, à ne paraître en public que dans un contexte théâtral ou excentrique. Pas une vraie vie, que la vie de star, même si c'est celle dont rêvent tant de jeunes candidats à la gloire, encouragés par une société médiatique où les « people » ont remplacé les divinités d'antan.

Qui a tué Michael Jackson ? Sa famille, qui l'a privé d'une enfance normale et légitime ? Ses producteurs-managers- hommes d'affaires, pour qui il ne devait représenter qu'une insolente manne financière ? Ses fans, qui traquaient l'idole avec une hystérie extatique proche de la violence ? Son souci de perfection, à la foi mégalomane et infantile, qui l'a conduit à torturer son corps et son esprit pour devenir l'un des plus extraordinaires showmen de l'histoire du divertissement mondial ? Sans doute tout cela à la fois. Comme tant d'autres avant lui, Michael Jackson a succombé à la même ferveur populaire, la même excitation barbare qui, il y a des siècles, animait déjà les jeux du cirque dans les arènes romaines.

Mais finalement, peu importe. Nous restera de lui l'image d'un artiste hors du commun qui a bouleversé le cours de la musique contemporaine, un extraordinaire « entertainer » (l'expression anglo-saxonne est la plus adéquate) dont le destin, à la fois glorieux et tragique, noble et vulgaire, se résumait à distraire les foules le mieux possible. En cela, il demeurera à jamais dans la mémoire collective, la nôtre : celle d'incurables midinettes sans cesse en quête de rêve. Merci, Michael, de nous l'avoir offert.

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